Miss Dior  de Justine Picardie
					Catherine Dior - Une grande résistante
					 
Comme 
					il est écrit sur la quatrième de couverture: “C’est en 
					effectuant des recherches sur le célèbre couturier que la 
					journaliste Justine Picardie découvre par hasard le passé 
					historique de la sœur de ce dernier”. Mais que sait-on de 
					Catherine Dior ? 
					AGinette, dite Catherine, est née à Granville (Manche) le 2 
					août 1917 dans une famille bourgeoise et aisée. Elle était 
					la dernière d’une fratrie de 5 enfants. En mai 1931, leur 
					mère meurt à 52 ans. 
					La même année, son père Maurice Dior (1872-1946), industriel 
					normand, est ruiné à la suite de la crise de 1929. Ils 
					quittent leur appartement parisien et s’installent à Callian 
					dans le département du Var. 
					Catherine est la sœur chérie de Christian. Il a douze ans de 
					plus qu'elle mais ils partagent le même amour pour l’art, la 
					musique et les fleurs. 
					Fin 1941, Christian s’installe avec sa sœur rue Royale. Il 
					quitte la Provence lorsque son ancien employeur lui propose 
					de le réembaucher. 
					Catherine entre peu de temps après dans la Résistance. 
					Partisane de De Gaulle, elle détestait Pétain, Pierre Laval 
					et le régime de Vichy. Le premier acte de résistance 
					commence pour elle en 1941. Elle va chercher une radio pour 
					écouter le Général De Gaulle sur les ondes de la BBC. Le 
					seul fait d'écouter De Gaulle vous faisait emprisonner. Elle 
					tombe aussitôt follement amoureuse de celui qui va lui en 
					fournir une. Il s'appelle Hervé des Charbonneries, grand, 
					séduisant, il est marié et père de trois enfants. De vendeur 
					de radio, il est devenu héros de la résistance quelques mois 
					après sa rencontre avec Catherine. Elle est séduite et 
					s’engage à son tour. Il l'a recrutée dans son réseau F2 
					franco - polonais qui fournissait des renseignements aux 
					services britanniques à Londres. Son rôle est celui d'une 
					coursière. Elle collecte et transmet des informations sur 
					les mouvements des troupes allemandes, ce qui nécessite de 
					longs trajets à bicyclette, une mission très dangereuse. 
					Pendant deux ans, elle utilise l’appartement de son frère, 
					rue Royale pour recevoir les membres de son réseau. Hervé 
					des Charbonneries a douze ans de plus qu'elle et a étudié à 
					Sciences Po avec Christian Dior. Ils ne se sont jamais 
					mariés, mais sont restés ensemble jusqu'à la mort d’Hervé.
					
					Le 6 juillet 1944, à 16 h 30, elle est arrêtée place du 
					Trocadéro par quatre hommes armés. et conduite au 180 rue de 
					la Pompe, l’antichambre de l’enfer. Tous les psychopathes 
					nazis y sévissent. Les criminels de la rue de la Pompe ont 
					manifesté une cruauté monstrueuse. Catherine est soumise à 
					un interrogatoire accompagné de brutalités inhumaines : 
					coups de poings, coups de pieds, griffes…tortures violentes 
					dans la baignoire. Elle subit les pires atrocités. Elle ne 
					dira rien protégeant son frère et ceux qu'il cache dans 
					l’appartement. On ne peut qu’être admiratif devant la force 
					de caractère de cette femme discrète. 
					Le 22 août 1944, elle est déportée au camp de Ravensbrück 
					avec tant d’autres prisonnières politiques. Les détenues 
					sont soumises au travail forcé dans des conditions 
					inhumaines. Malgré la peur constante des gardes et de leurs 
					chiens, ces femmes courageuses ne renoncent pas à subvertir 
					les règles du camp. La solidarité a permis à beaucoup 
					d’entre elles de supporter les mauvais traitements et de 
					survivre grâce à l'amitié dans le camp de Ravensbrück. Pour 
					résister à la déshumanisation, les détenues mettent en place 
					des réseaux de solidarité complexes, fragiles, éphémères 
					mais absolument nécessaires à la survie. 
					Durant ces mois d'absence, son frère remue ciel et terre 
					pour la retrouver. Extrait des mémoires de Christian Dior : 
					“ Je me demande parfois comment j’ai réussi à 
					continuer….pour ma sœur, avec qui je partageais les joies du 
					jardinage à Callian, qui a été arrêtée puis déportée. J’ai 
					tout essayé pour la retrouver, en vain. Le travail, un 
					travail exigeant et absorbant, était la seule drogue qui me 
					permettait de l’oublier “. 
En 1945, après la longue marche de la mort, elle retrouve son frère et son amoureux Hervé des Charbonneries. A son arrivée à la gare, son frère ne la reconnaît pas tout de suite. Son corps décharné, le dos courbé, le visage émacié et diaphane, elle est méconnaissable. Extrêmement affaiblie, elle retourne habiter chez son frère. C’est en hommage à sa sœur que le couturier appelle son premier parfum Miss Dior après avoir entendu son amie, l’avant-gardiste Mitzah Bricard s’exclamer en voyant Catherine “ Tiens, voilà Miss Dior !”. Il lui dédia également la magnifique robe brodée de fleurs Miss Dior. Elle a reçu certaines des décorations nationales les plus prestigieuses : la Légion d’honneur, la Croix de guerre 1939-45 avec étoile vermeille et la Croix du combattant en France ; la Croix de la Vaillance polonaise ; la King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom attribuée par les autorités britanniques ; la médaille de la Résistance française. Sa citation pour la Croix de guerre en 1945 rapporte que lors des missions périlleuses, elle a su faire preuve de “ sang froid, de décision et de prudence.”
Puis, avec son compagnon, ils partent à Callian pour qu’elle reprenne des forces. Elle s’adonne à plein temps à l’horticulture. Ses roses sont utilisées pour le parfum Miss Dior . Elle aime ces champs de fleurs qui s'exhalent dans les parfums du grand couturier. Catherine et Hervé des Charbonneries ont tenu également un stand de fleurs aux Halles, rue Jean -Jacques Rousseau. Elle possède une exploitation de près de 2 hectares de roses à parfum.
					C’est là - bas qu’elle apprend le décès de son frère en 
					1957. Toutes les fleurs des funérailles de Christian Dior 
					ont été déposées sur la tombe du soldat inconnu sous l’Arc 
					de Triomphe à Paris à la demande de Catherine. Elle mettra 
					un point d’honneur à faire vivre son héritage, notamment au 
					travers de la villa de Granville, transformée en musée Dior.
					
					Elle meurt le 17 juin 2008 à plus de 90 ans et est inhumée à 
					Callian près de son frère. 
					En 2019, la directrice artistique de Dior, Maria Grazia 
					Chiuri, lui consacre toute une collection Elle veut y mettre 
					“ l’élégance de Christian, l’attitude de Catherine “. 
					L’escalier à pic qui monte au jardin à Granville porte 
					désormais le nom de Catherine Dior. Était - elle féministe ? 
					On peut lui attribuer cet adjectif par certains côtés de sa 
					personnalité : Elle n’a jamais épousé Hervé. En cédant à 
					l'amour pour un homme marié, elle s'oppose aux principes de 
					son éducation catholique. Elle possédait sa propre 
					entreprise. Elle était indépendante financièrement. Elle 
					croyait dans le droit des personnes à voter, à contrôler 
					leur propre système politique. Le livre de Justine Picardie 
					est passionnant, richement documenté et magnifiquement 
					illustré. Les mondes de la mode ne sont pas oubliés.
Elle retrace le destin des Françaises qui résistèrent au péril de leur vie. Elle nous offre aussi une plongée vertigineuse dans le milieu de la mode sous l’Occupation et la Collaboration. C’est une très bonne analyse politique du siècle passé. Bien sûr Justine Picardie n’oublie pas son premier sujet de recherche : Christian Dior. Elle nous parle longuement du grand couturier, de la mode mais aussi de tout ce qu’il a entrepris pour sauver sa sœur de la déportation. Elle relate les procès des collaborateurs, des nazis. C’est un livre bouleversant, un hommage à toutes les femmes connues ou inconnues qui se sont battues pour que nous vivions. Pour préparer son livre, Justine Picardie s’est rendue deux fois à Ravensbrück.
Les femmes ont joué un rôle important dans la résistance mais leur place a été reconnue tardivement. Leur engagement a été peu valorisé à la Libération Peu de femmes exercèrent des fonctions dirigeantes dans la Résistance à l'exception de Marie-Madeleine Fourcade, chef du réseau Alliance et Lucie Aubrac, membre du cercle des dirigeants de Libération - sud. L'entrée au Panthéon de Germaine Tillion et de Geneviève De Gaulle en 2015, de Joséphine Baker en 2021 peut être considérée comme une reconnaissance tardive des femmes dans la Résistance. Simone Veil a également été panthéonisée en 2018. Catherine Dior y aurait eu sa place. Ne les oublions pas.
					Miss Dior - Justine Picardie -
					
					Éditions Flammarion - 416 p.
					Broché : 23,90 € - Poche : 12 €
Jacky Morelle (07/03/2025)
La disparition du vivant et moi - Comprendre pour changer de Hélène Grosbois
L’autrice Hélène Grosbois est une jeune femme très brillante. Ex-cadre de haut niveau dans la finance, elle a quitté la ville au rythme éreintant pour s’installer en Bourgogne et vivre en autonomie alimentaire, en accord avec ses idées. Depuis sa plus jeune enfance, elle a toujours été sensible aux sujets environnementaux. 
Après l’obtention d’un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole, elle se lance dans la culture sans pesticides de divers légumes. Pour l’aider, elle accueille des bénévoles en échange du gîte et du couvert.
Après avoir gagné beaucoup d’argent qui lui a servi à s’installer, elle vit sobrement au rythme de la nature. Son livre commence par la vulgarisation scientifique puis elle apporte des solutions pour lutter contre l’effondrement actuel du vivant qui est pour elle plus vaste que le seul réchauffement climatique. Elle est épaulée par des chercheurs reconnus. Hélène veut recréer de la biodiversité ce qui permettra d’apporter des changements indispensables pour une vie meilleure.
Un ouvrage qu’elle a voulu grand public, susceptible d’intéresser tous les âges et tous les milieux socio-culturels. Ce livre est merveilleusement bien illustré, très pédagogique, très clair. Chaque chapitre donne envie de se plonger dans la lecture. “Quel monde voulons-nous ? où allons - nous ?” Chaque thématique se termine par un questionnement.
Toutes mes très sincères félicitations à Hélène pour son engagement qui servira aux générations futures. Mais soyons tous vigilants, car nous sommes malheureusement au bord de la “disparition du vivant”.
					Cependant restons optimistes.
Un livre à consulter régulièrement.  La disparition du vivant et moi d’ 
					Hélène Grosbois - Illustrations : Amandine Lesay 
					
					Éditions Marabout - 2024 - 182 p. - 25 €
Jacky Morelle, présidente de la commission culture (24/01/2025)
					Passagère du silence  de Fabienne Verdier
					
Ce 
					livre n’est pas facile à lire pour le profane. Il lui faut 
					désespérément s’accrocher pour entrer dans cette quête de 
					l’auteure qui, au long de presque dix années d’exil, va 
					découvrir l’art de la peinture et surtout la calligraphie 
					chinoises. S’accrocher au vocabulaire qui lui est presque 
					totalement étranger. S’accrocher à la philosophie que 
					découvre l’"étrangère" elle-même et peu à peu lui permet 
					d’entrer dans la mentalité de tous ces "Anciens", oubliés, 
					martyrisés au cours des étapes d’évolution de la Chine, mais 
					qui sont envers et contre tout la base de l’art chinois. 
					Mais une fois déterminé à suivre Fabienne Verdier dans cette 
					aventure extraordinaire, il éprouve un véritable bonheur à 
					en découvrir à son tour les arcanes, même si, probablement, 
					beaucoup de choses lui échappent ! 
					Cette aventure commence au début des années 80, période où 
					se pratique en France, un enseignement en dehors de tout 
					apprentissage des maîtres et hors de tout vocabulaire 
					signifiant. Déçue, Fabienne Verdier a quitté son école et 
					pris l’habitude de se rendre au musée d’Histoire naturelle 
					où elle dessine tout ce qui lui semble intéressant. Elle 
					poursuit seule ses études, se présente aux examens au bout 
					de trois ans, alors que le cursus est habituellement de cinq 
					ans. "Lors de l’examen", écrit-elle, "les 
					autres élèves, confiants en leur art, se sont lancés dans 
					des abstractions lyriques ou des sujets morbides. Il en 
					résultait une facture implicite, une violence surfaite. Ils 
					se croyaient les échos des Expressionnistes allemands qui 
					avaient souffert et exprimaient leur misère. Eux n’étaient 
					le plus souvent que des petits-bourgeois de province 
					désireux de se faire plaisir. Il eût fallu transcender ces 
					angoisses ou ces visions pour parvenir à un langage plus 
					subtil". 
					Elle est brillamment reçue bien qu’ayant mené de front 
					études et travail afin d’être indépendante. Elle commence à 
					apprendre le chinois : elle se voit offrir une bourse 
					d’études pour Paris, mais elle la refuse parce qu’elle veut 
					aller étudier en Chine. L’administration finit par accepter 
					et "organise" son voyage et son séjour là-bas. 
					Et c’est ainsi qu’à vingt ans, parlant à peine la langue, 
					elle quitte ses parents, ses amis pour se retrouver épuisée, 
					après un voyage qui a duré des semaines où elle a été 
					brinqueballée de mauvais trains en aéroports sordides, à 
					l’institut des Beaux-Arts de Chongqing, dans la province du 
					Sichuan, où aucun Occidental n’a mis les pieds depuis 1949, 
					et où, pour la handicaper encore plus, les autochtones ne 
					parlent qu’un dialecte local. Désormais, il lui faut 
					accepter la stricte discipline de cette école régie par le 
					parti communiste. A la demande de quelque ministère, elle 
					obtient de vivre dans une chambre au lieu de "vivre à 
					huit dans un dortoir, avec des lits superposés". "La 
					fenêtre est munie de barreaux" ; on lui apporte "un 
					petit lit muni d’une paillasse ; une vieille femme ratatinée 
					et édentée" va "s’occuper d’elle" (elle apprendra plus 
					tard qu’en fait, son rôle est de l’espionner) et lui 
					apportera de l’eau, car il n’y pas d’eau à l’institut, sauf 
					"une pièce où chaque matin, les deux mille étudiants de 
					l’institut vont remplir leurs thermos". Au réfectoire, 
					ils font la queue avec leur gamelle et leurs couverts 
					numérotés. Ils mangent en marchant (car ils ont peu de 
					temps) jusqu’à "une table sale, collante de graisse, des 
					moustiques écrasés sur les murs, des crachats par terre, le 
					sol pas balayé, une odeur de cramé à vous donner des 
					haut-le-coeur"… Pendant longtemps, elle va trouver que 
					la nourriture n’est pas mauvaise jusqu’à ce qu'elle apprenne 
					qu’elle bénéficie d’un passe-droit et qu’elle exige aussitôt 
					de manger avec les autres étudiants. 
					Dès le premier cours, elle reçoit "une gifle magistrale", 
					devant tout le gratin de l’institut venu voir cette élève 
					qui "est sortie première de son école". Hélas, il 
					s'avère "qu’elle est incapable de "peindre un arbre" 
					avec des bâtons d’encre et une pierre à encre". En 
					fait, elle déclare qu’il lui faut tout son attirail 
					habituel, ce qui fait rire tout son auditoire. Il lui faut 
					donc "tout recommencer à zéro". Même si 
					l’enseignement qui lui est distribué n’est pas du tout ce 
					qu’elle espérait. 
					Elle ne peut pas apprendre l’art pictural des anciens et 
					l’art calligraphique, dévastés par la Révolution culturelle. 
					L’ambiance est pénible, les étudiants détestant d’emblée l’"étrangère" 
					! "J’étais éprouvée, sonnée par ce premier choc avec la 
					Chine. Je me demandais si j’allais rester. La réalité ne 
					coïncidait pas avec l’idée que je me faisais de ce pays et 
					de ce que je venais y trouver. Et pendant des années il en 
					fut ainsi". 
					Elle finira par tomber malade, à cause de la nourriture 
					mauvaise et rare, de l'eau sans doute polluée, puisqu'elle 
					contractera une hépatite, etc. Mais elle est déterminée à 
					affronter tous les obstacles, y compris la promiscuité, la 
					misère et la saleté ambiantes, la maladie et la surveillance 
					incessante dont elle va faire l’objet pendant tout son 
					séjour ! Bien que n’ayant pour vivre que la maigre bourse de 
					l’Etat français, elle se paie d’audace, contacte et devient 
					l’élève de très grands artistes vivant comme des miséreux, 
					méprisés et marginalisés par le régime. Malgré les risques 
					d’être pris et envoyés dans des fermes de l’arrière-pays, 
					ils accepteront de l’initier aux secrets d’un enseignement 
					remontant à la Chine la plus ancienne. 
					Elle va, pendant des années, suivre l’enseignement des 
					professeurs de l’institut, "où l’on n’enseignait ni la 
					poésie, ni l’esthétique, ni la calligraphie dont les traits 
					ont été repris dans la peinture traditionnelle. Cette grande 
					peinture avait été rejetée, on avait détruit bon nombre 
					d’œuvres pendant la Révolution culturelle […]. Il fallait 
					s’inspirer de l’art folklorique, par exemple des papiers 
					découpés… choisir pour thème la vie dans les campagnes ou 
					les vieilles légendes. Evidemment, l’art ne devait exprimer 
					aucune contestation, même voilée".
					Avec acharnement, elle tente d'entrer dans l'esprit des 
					Chinois. Elle constate par exemple qu'au cours d’histoire de 
					l’art, "le professeur avait vécu très jeune la 
					Révolution culturelle, y avait cru et avait voulu détruire 
					tout ce qui se rapportait au passé. Maintenant que la Chine 
					semblait s’ouvrir, il redécouvrait la richesse de la 
					philosophie chinoise". La jeune femme suit donc les 
					tentatives des élèves chinois, de percer l'esprit occidental 
					au moyen de projections de diapositives qui leur permettent 
					de découvrir les œuvres. Mais elle se pose nombre de 
					questions sur leur démarche : "Comment comprendre la 
					peinture occidentale, depuis les fresques romanes jusqu’à 
					Delacroix, sans connaître le christianisme, la mythologie 
					grecque et romaine, l’humanisme de la Renaissance, etc.?". 
					Elle sollicite de son professeur une initiation à la pensée 
					chinoise, aux philosophies taoïstes, au confucianisme, au 
					bouddhisme. Elle remarque combien il est difficile de 
					changer les esprits : "A chaque fois, je le mettais dans 
					une situation embarrassante car il ne comprenait plus 
					pourquoi il avait participé à cette folie"... Comme 
					apparemment, cet homme encore jeune veut changer, il tente 
					de s'ouvrir aux questionnements de son élève. 
					Mais comment peut-elle comprendre le changement en train de 
					s'opérer en Chine ? Elle observe beaucoup les jeunes 
					étudiants qui l'entourent et constate qu'"une nouvelle 
					école commençait à naître grâce à quelques audacieux et 
					aussi au directeur de l'université qui permettait leurs 
					innovations 'décadentes'". Elle se sent proche de ce 
					groupe, qui avait "décidé de prendre pour modèle Cézanne 
					et Picasso […]. Van Gogh provoquait des ravages : l'artiste 
					fou et maudit correspondait à leur idéal". Quelques-uns 
					ont "découvert aussi l’influence de Gauguin, Derain, 
					Matisse, Chagall"… Elle constate avec plaisir qu'"une 
					démarche authentique et sincère animait ces tableaux nés 
					dans les banlieues industrielles de Chongqing". 
					D'autres interrogations la taraudent, relatives à l'éthique 
					de cette ouverture à l'Occident : "Il était 
					extraordinaire de voir ces jeunes s’inspirer entièrement 
					d’une culture étrangère. Mais qu’avaient-ils eu droit de 
					conserver de la leur ? On leur avait refusé cet héritage 
					sous prétexte qu’il n’était qu’un ramassis de vieilleries. 
					Reprendre ainsi à son compte une culture qu’ils ne 
					connaissaient que par des reproductions restait un processus 
					totalement artificiel chez certains mais, chez d’autres, 
					s’était intériorisé de manière surprenante". Ce qui 
					l'entraîne vers une conclusion : Qu'elle veut, en fait, "parcourir 
					le chemin exactement inverse du leur" ; et que "si 
					une étrangère était capable de maîtriser l’art du pinceau 
					traditionnel chinois comme ces artistes chinois avaient 
					maîtrisé la peinture à l’huile, elle pourrait créer une 
					peinture nouvelle".
					Il lui a fallu des mois pour trouver et convaincre de 
					l'accepter pour élève un vieil érudit, Huang Yuan dont des "révolutionnaires" 
					ont mutilé la main simplement parce qu'il était fidèle aux 
					traditions du passé. Ayant vu quelques œuvres qu'elle a 
					accomplies à son intention et déposées chaque matin pendant 
					six mois devant sa porte, il constate qu'en cinquante ans il 
					n'a jamais "rencontré un élève aussi doué" ; 
					qu'elle possède "un niveau de compréhension étonnant 
					pour une Occidentale" ; qu'elle "possède une 
					intelligence du cœur qui (la) porte vers les meilleurs" 
					et qu'elle "mérite d'être enseignée selon les règles".  
					Mais il la prévient d'emblée, qu'il lui faudra dix ans pour 
					pénétrer un tant soit peu la pensée chinoise, et qu'avant 
					d'aborder la calligraphie, elle devra effectuer un stage 
					chez un maître graveur de sceaux. 
					Son initiation à la calligraphie lui semble de prime abord 
					dérisoire : elle doit commencer par le trait horizontal 
					qu'elle doit répéter quotidiennement pendant des mois, 
					jusqu'à ce que le trait atteigne la perfection. Ensuite, le 
					maître l'initie "au trait-point qui doit représenter un 
					caillou dévalant une montagne, prêt à éclater ; au trait 
					oblique qui ressemble à une corne de rhinocéros ; au trait 
					vertical qui est comme un clou rouillé ; au trait 
					oblique-appuyé qui est comme la vague qui se fracasse sur le 
					sable et se termine en roulement de tambour" ! 
					Rationnelle, elle désire connaître le sens de ces signes, 
					cherche dans des dictionnaires, ce qui met son professeur en 
					colère. Il l'incite à suivre son principe : "Révèle 
					l'élan, le dynamisme, la ligne de force. Mais je ne veux pas 
					de prouesse technique. Tu dois arriver à une complète 
					maîtrise de l'encre et du pinceau pour insuffler de la vie 
					au trait". [….]. Cet entraînement va durer plusieurs 
					saisons jusqu'à ce que n'en pouvant plus, elle explose, à la 
					grande joie de son maître qui danse sur place, "avec une 
					jouissance incompréhensible". "Je suis bien vieux", 
					dit-il, "à présent, je n'y suis jamais arrivé. Mais toi, 
					petite imbécile que tu es, tu y parviendras… le fait que tu 
					reconnaisses que tu es ignare devant l'éternel, c'est 
					l'attitude que je désirais que tu aies pour approcher la 
					peinture". 
					Son initiation à la calligraphie durera trois ans. A la 
					suite de quoi, elle en viendra au paysage. Là encore, 
					l'initiation est parfois fastidieuse, même si pour 
					l'encourager, le maître peint avec elle des paysages à 
					quatre mains : "Le beau en peinture, selon 
					l’enseignement des vieux maîtres", lui dit-il, "n’est 
					pas le beau tel qu’on l’entend en Occident. Le beau, en 
					peinture chinoise, c’est le trait animé par la vie, quand il 
					atteint le sublime du naturel. Le laid ne signifie pas la 
					laideur d’un sujet qui, au contraire, peut être intéressante 
					: si elle est authentique, elle nourrit un tableau. Le laid 
					c’est le labeur du trait, du travail trop bien exécuté, 
					léché, l’artisanat. Les manifestations de la folie, de 
					l’étrange, du bizarre, du naïf, de l’enfantin sont 
					troublantes car elles existent dans ce qui nous entoure. 
					Elles possèdent une personnalité et une saveur propres, une 
					intelligence. Ce sont des humeurs qu’il faut développer. 
					Toi, en tant que peintre, tu dois saisir ces subtilités. 
					Mais l’adresse, l’habileté, la dextérité qui, en Occident, 
					sont souvent considérées comme une qualité, sont un 
					désastre, car on passe à côté de l'essentiel. La maladresse 
					et le raté sont bien plus vivants". 
					Un peu d'humour fait du bien dans ce récit. Fabienne Verdier 
					raconte comment, ayant voulu travailler pour s'offrir des 
					livres, elle va passer plusieurs mois à réaliser, pour un 
					journal, des illustrations sur le thème des jeux chinois, et 
					lorsqu'elle se précipite à la poste récolter ses gains elle 
					touche "L'équivalent de sept francs et six centimes" 
					! 
					Dès le début de son séjour, elle a souffert de la solitude, 
					au point que, pour être moins seule, elle suit le conseil de 
					son vieux maître et s'achète un oiseau qui parle, ce qui lui 
					vaudra quelques anecdotes cocasses quand il répondra à sa 
					place ! Mais elle souffre de l'agressivité de certains 
					étudiants, à cause de son statut à part. Pourtant, elle 
					participe aux surprises-parties de l'université, accepte les 
					invitations de la télévision au jour de l'an pour 
					s'apercevoir qu'elle a été "manipulée par la propagande 
					sans (s')en rendre compte"; les invitations à la Fête 
					des Morts ; l'invitation à la crémation d'un mort, spectacle 
					en Chine psychologiquement terrible. Malgré tout, elle s'est 
					liée avec quelques camarades, et comme elle n'a pas le droit 
					de sortir le soir, ils l'entraînent à faire le mur, et 
					l'emmènent à quelque fête à Chongqing éloignée de plusieurs 
					kilomètres, avec obligation d'être rentrés à l'aube ! Chaque 
					événement, rompant la monotonie, est conté comme un petit 
					miracle, telle la rencontre avec un photographe connu qui "cherche 
					un bel arbre" ou avec Joris Ivens qui, lui, en chaise 
					roulante, cherche le vent, quête dont il fera plus tard un 
					film. Elle s'attarde avec l'équipe du Festival d'Avignon 
					recherchant des bateliers ; déteste la venue inopinée de son 
					père ; parle de l'arrivée inattendue d'un colis 
					qui s'évère contenir un gros œuf en chocolat envoyé par sa 
					tante Yvonne, brisé lors du voyage, ce qui la remplit 
					d'émotion au point qu'elle éclate en sanglots. Elle raconte 
					aussi sa maladie où elle est hospitalisée et, où, revenue 
					dans sa chambre, la vieille femme l'oblige à boire une 
					potion traditionnelle, dont l'ordonnance est "d'une 
					poésie folle : une vraie potion de sorcière à l'odeur 
					insoutenable ! "carapaces (de tortue) aux neuf 
					côtes revenues à feu doux, poudres à broyer ou faire sauter 
					à l'alcool". Elle narre avec beaucoup d'émotion sa 
					relation amoureuse interdite avec un étudiant chinois, les 
					cachoteries auxquelles ils doivent se livrer pour se voir. 
					Mais, la fiancée revenue, l'histoire d'amour prend fin 
					jusqu'au jour où se trouvant nez à nez à Pékin où elle s'est 
					rendue, il lui déclarera en voyant ses peintures : "C'est 
					toi qui vas réussir. Je t'aimais mais je n'avais pas le 
					choix. Pardonne-moi, s'il te plaît, pardonne-moi !". 
					Bien d'autres épisodes suivent, tantôt drôles, tantôt 
					tragiques.
					Un très long chapitre est consacré à ses voyages : Elle 
					insiste sur les moyens rudimentaires dont les étudiants 
					disposent lors de ces voyages où ils partent "en car 
					avec, sous le bras, siège pliant numéroté, carton à dessins 
					aux couleurs de l'Armée populaire, sans oublier un pot de 
					conserve en verre dont (ils devront se servir) au long du 
					périple, de gourde ou de thermos". Mais elle s'extasie 
					sur la beauté des paysages, l'accueil chaleureux des paysans 
					qui les invitent à manger ; se récrie sur la saleté immonde 
					des toilettes et ses avatars lorsqu'elle est obligée de s'en 
					servir ; s'étonne de ce qu'elle a vu dans la Ville des 
					Dinosaures ; narre ses incursions dans la ville de Chengdu 
					tellement différente et plus évoluée que Chongqing ; fait 
					part de son admiration pour le temple taoïste de la Chèvre 
					de Cuivre et partage ses visites souvent animées dans les 
					ateliers des artistes chinois ; parle pour la première fois 
					d'un vieillard qui garde dans une gourde un grillon dressé ; 
					s'attriste parce que lors du voyage vers la Montagne de la 
					Pureté, son maître retrouve son fils "affecté comme 
					ouvrier dans une usine sordide" ; ironise à l'idée que 
					le temple orné de peintures grotesques et érotiques permet 
					aux vieux moines de conserver "leur vigueur sexuelle 
					grâce aux antiques recettes transmises, entre autres par 
					(l'ouvrage intitulé) le Classique de la fille sombre". 
					Elle consacre plusieurs longs paragraphes à son voyage au 
					Tibet, zone absolument interdite, où elle est "aux anges 
					devant ces paysages magiques, ces étendues d'infini". 
					Ils lui font "mieux comprendre à quel point le ciel 
					régit l'ordonnance du monde" comme le lui a enseigné 
					son vieux maître. Elle s'attarde sur la misère régnante, le 
					sort des femmes, l'absence de toutes les nécessités de la 
					vie, l'horreur du passage chez le peuple des Yi, zone 
					rigoureusement interdite aux étrangers, où elle doit voyager 
					cachée sur le toit du car, sous les cages à oies d'où elle 
					émergera couverte de fientes, mais où personne ne la 
					dénonce. "Le territoire était dangereux depuis l'arrivée 
					de l'Armée et des Gardes rouges, car les Yi comme les 
					Tibétains, restaient des irréductibles". Finalement, ce 
					voyage tournera au cauchemar lorsque, en un geste 
					inconscient, elle touche la très longue natte d'un homme, ce 
					qui est un crime ; se retrouve en prison, enfermée dans une 
					cellule, considérée comme une espionne. Il faudra 
					l'intervention du directeur de l'institut auprès de gens 
					haut placés pour la libérer, mais le voyage sera écourté de 
					la moitié au grand dam de son professeur et des autres 
					élèves. Elle pense sans cesse aux parole d'un Yi "complètement 
					saoul qui (lui) a lancé avec violence : Rentrez 
					chez vous et racontez ce qui nous arrive, ce qui se passe 
					ici. Il n'y a plus de culture yi, on ne peut plus penser yi, 
					on n'a plus le droit d'être yi". Une excursion 
					inattendue vers le plus ancien temple de Chine permettra à 
					son vieux maître de faire à Fabienne Verdier ses 
					recommandations, lui développant les principes du Bouddhisme 
					et du Taoïsme, se demandant ce "que donnent nos textes 
					traduits en langues occidentales. Vos concepts sont issus de 
					la philosophie grecque et du christianisme. Le Tao n’est ni 
					votre Dieu, ni l’Etre, ni un principe qui régit l’univers, 
					mais peut-être un peu de tout cela. […] Mais, de toute 
					façon, méfie-toi des livres : on y croit trop par le seul 
					fait qu’ils sont écrits. Apprends notre pensée surtout par 
					la pratique de la peinture. Tu iras beaucoup plus loin ainsi".
					
					Le temps a passé. L'étudiante a vieilli, a gagné en 
					maturité. Ses deux dernières années sont plus aisées, car 
					elle perçoit une bourse américaine obtenue grâce à sa tante 
					ethnologue. Elle peut visiter les hauts lieux de la culture 
					chinoise signalés par ses vieux maîtres. Elle visite 
					Shanghai, ville qu'elle aime beaucoup. Et c'est là qu'elle 
					va vivre dans une famille d'éleveurs de grillons, insecte 
					pour lequel elle se passionnera ! Là aussi qu'elle sera 
					fascinée par la "robe de son hôtesse, épouse du très 
					grand calligraphe Li Tianma. Une couleur ocre sur l’endroit, 
					noire sur l’envers, usée par le temps, d’une légèreté 
					extrême, douce au toucher, appelée "Toile de soie aux nuages 
					parfumés". A chaque lavage, cette soie fait apparaître 
					de nouveau dessins. Elle dure toute une vie.  La couleur 
					ocre est obtenue grâce à une teinture à base de sédiments de 
					lits de rivières. Enthousiasmée, Fabienne Verdier se fait 
					conduire à la boutique qui vend encore cette teinture 
					devenue rare et l'emploiera comme un moyen de transformer la 
					surface trop blanche du papier sur lequel elle peint. Par 
					contre, elle va de déception en déception, après chaque 
					visite à de vieux érudits locaux. 
					Son doctorat en poche, obtenu dans l'ambiance terrifiante 
					d'une révolte qui se terminera sur la place de Tian'anmen à 
					Pékin, elle approfondit ses connaissances. Mais la politique 
					resserre les cordons de l'apparente liberté qui régnait. 
					Considérée comme une ennemie du peuple, fabienne Verdier se 
					voit contrainte de quitter la Chine dans les meilleurs 
					délais. Tout de même, le vernissage de son exposition où se 
					presse la foule, est un succès. Par prudence, à cause des 
					risques encourus aux douanes, ses amis lui conseillent de 
					brûler tous ses documents, ses archives… Elle part donc "sans 
					valises, avec uniquement des cartons fermés par des 
					ficelles" (que les douaniers ouvriront tous) "contenant des 
					peintures, du matériel de peintre, quelques objets 
					personnels".  Son départ, entourée de ses amis, du 
					directeur de l'institut, de ses professeurs et leurs 
					épouses, est un déchirement. De Hong Kong, elle apprendra 
					les horreurs qui se déroulent en Chine où règne la pire 
					répression.
					Revenue en France dans un état pitoyable, elle est soutenue 
					par son oncle et sa tante. Mais bientôt le deuil de leur 
					mort dans un accident s'ajoutera à la tristesse car son 
					retour en France est un nouvel exil ! Elle se souvient 
					d'avoir rencontré l'ambassadeur de France, le contacte ainsi 
					que, sans grand espoir, les responsables des Affaires 
					étrangères. Et un jour, elle apprend du Quay d'Orsay : "Vous 
					êtes nommée à Pékin. Vous partez dans trois semaines…". 
					Les diplomates comptent sur elle pour redresser, sans 
					budget, les relations internationales au plus bas depuis 
					Tienan men. "De l'état de clocharde du Sichuan vivant au 
					milieu des Chinois, je passai", dit-elle, "à une 
					existence de diplomate avec appartement de fonction, 
					cuisinier, et une employée de maison que j'appelais 
					affectueusement 'Tante' Xu". Elle s'efforcera de faire 
					au mieux son nouveau métier, jusqu'à ce que son vieux maître 
					vienne se fâcher pour qu'elle quitte ce poste et devienne ce 
					qu'elle a toujours été : une peintre.
					Le livre se termine sur le nouveau départ de Fabienne 
					Verdier pour la France, son mariage, sa vie d'artiste, ses 
					questionnements, les déserts de pierre de l'Ardèche, ses 
					mots qui racontent tout cela à la fois : "Ce sentiment 
					d'union entre l'univers et sa beauté, je tente de le 
					transmettre par mes toiles […] J’ai compris que l’extase, 
					qu’elle se crie ou se taise, n’est pas un don du Ciel qu’on 
					attend les bras croisés, mais qu’elle se conquiert, se 
					façonne et que l’intelligence y a aussi sa part. Pendant dix 
					ans, le vieux Huang m’a obligée à transcrire la couleur au 
					travers d’une gamme monochrome, le plus souvent noire, à 
					l’aide du lavis et de l’encre de Chine. Exercice difficile 
					pour retrouver, dans l’intensité des noirs, la richesse 
					subtile des lumières de l’univers. La saveur neutre du lavis 
					nourrit l’être essentiel. Cette beauté dont on ne se lasse 
					pas n’est pas celle du paraître. Sa sobriété, son humilité 
					créent une présence intense dans son effacement. 
					Depuis vingt ans, je cherche, j'invente des fonds de 
					tableaux susceptibles d'accueillir avec grâce la pensée 
					poétique des coups de pinceau…".   
					Ainsi ce livre déroule-t-il une expérience unique d'où sont 
					nés un vrai récit d’aventures et une œuvre personnelle 
					fascinante, qui met en relief la difficulté pour une 
					Occidentale, bien que d'une intelligence et d'une 
					sensibilité exceptionnelles, à saisir l'esprit de la Chine 
					ancestrale, avec la conscience que celle-ci ait été 
					quasiment détruite ! Ce livre autobiographique pose le 
					problème de la rencontre d'un individu avec une autre 
					culture. L'auteure y conjugue l'obstination malgré le 
					dépaysement, la rigueur dans le travail, la patience et 
					l'humilité, les réflexions sur l'art. Bref, tout ce qui se 
					rapporte au cœur et à l'esprit. Ce qui en fait un ouvrage 
					exceptionnel. A lire absolument. 
					Jeanine Rivais (31/10/2023)
					Passagère du silence -  Fabienne Verdier -  Editions Le 
					livre de poche - 312 p. - 8,70 €